Peinture abstraite acrylique et média mixe sur lauan
Abstract acrylic and mixed-media painting on board
30X36 (76X91cm)
Portrait: L’Insondable
Il
marche seul, en équilibre sur la fine ligne qui sépare l'éthéré du concret,
risquant à chaque moment de sombrer d'un côté ou de l'autre. Les vents des
passions menacent à chaque pas de l'emporter vers le précipice de l'égo,
brisant à tout jamais les serments d'abnégation.
Face
au monde il est l'hexagramme k'an. L'eau profonde au dessus, l'eau profonde en
dessous: l'insondable au cœur de
l'insondable. Avide de situations implexes et périlleuses, il s'élance,
comme un funambule, sur la corde raide de l'action. Les dangers inhérents à
celle-ci le stimulent, et, tel un danseur, il entreprend de créer, à partir de
rien, le spectacle de son imagination.
Face
à lui-même il est kilkhor, le mandala tibétain. Un être aux desseins complexes
et colorés, tantôt déroutant. Il demande une pause afin d'en percevoir toute
les arguties sous-jacentes. Ouvert à tous
par une succession de portes et d'embrasures qui semblent avenantes, mais ne mènent
nulle part.
Car
au centre se tient la forteresse: carrée, impénétrable, hermétique, comme une
chambre forte renfermant les ouragans de ses contradictions: le désir de
l'Homme, qui le pousse toujours plus loin à s'accomplir. La douleur de la
solitude de celui qui dirige. La peur d'aller trop loin, de perdre de vue le
but. L'aspiration à la solitude et au recueillement. Les émotions et les
sensations exacerbées par une sensibilité à fleur de peau, qu'il faut cacher
telle une faiblesse. La force de toutes ces émotions et expériences qui
menacent à chaque seconde de faire éclater la boite de Pandore, que l'on doit
dompter comme un fauve, à rugir sur demande.
Et
cette tristesse infime et si bien cachée au creux de tous ces replis de l'âme,
qui ressurgit à chaque questionnement: comment concilier l'inconciliable?
Comment atteindre l'illumination en marchant dans le monde moderne, et
respecter ses semblables sans trahir les buts que l'on s'était fixé? En
marchant seul sur la fine ligne qui sépare l'éthéré du concret, et risquant à
chaque pas de sombrer d'un côté ou de l'autre.
Le
12 novembre 2009 Pascale-Nancy.